Paradis naturel
A Chefchaouen, au beau milieu des montagnes du Rif, on se sent bien, à l’aise, dans un camping très agréable situé à l’entrée d’un parc naturel développé par le gouvernement marocain ; on peut aller en ville à pied, en descendant par des escaliers une pente verticale, et en traversant un cimetière aux tombes bleues, bien sur orientées vers La Mecque !
A Chefchaouen, les façades des maisons sont blanches ou bleues, et repeintes tous les ans, parait-il, ce qui permet de mieux isoler les logements du froid hivernal. Mais l’antique Kasbah a gardé sa couleur ocre originelle ; à l’intérieur, on se ballade dans un jardin superbe, où on peut apprécier une rareté au Maroc, le silence !
A Chefchaouen, on se repose, on fait une escale technique : grand ménage du camping car, remise à niveau … des niveaux (eau, …) et lessive en machine mais avec essorage … à la main !
Une route d’enfer
Dans l’étape suivante, nous devons traverser la montagne pour arriver au petit port de El Jebbah, juste avant Al Hoceima. Nous allons pouvoir vérifier la loi scientifique qui dit que, plus l’altitude augmente, plus la température baisse, plus l’eau de pluie se transforme en neige … avec, pour conséquence inévitable, l’arrêt de toute circulation par manque de déneigement, de préférence au sommet du col, 100 kms après notre départ.
Un marocain charmant, prénommé Mohammed, nous propose d’attendre la fonte des neiges dans son hôtel ; selon lui, c’est l’affaire de 2 jours ! Nous préférons rebrousser chemin, et prendre la route de côte, que nous voulions éviter, parce que, selon le guide Michelin, elle était en mauvais état et dangereuse ; en fait, elle venait d’être aménagée et se révéla excellente ! Mais que de fatigue et que de peur !
A El Jebbah, la vue sur le port de pêche est splendide, avec ce gros rocher qui le borde sur la droite, et cette immense plage, déserte, de l’autre côté, plage sur laquelle nous nous installons ; nous assistons à un merveilleux coucher de soleil … jusqu’à ce que quelqu’un frappe à notre porte : un employé de la sécurité nationale marocaine nous explique que nous devons partir et aller nous installer sur un parking près du port.
Mais là, entre le bruit des camions assurant le transport des poissons juste pêchés, et les bavardages des pêcheurs allant ou revenant de leurs bateaux, c’est la galère pour dormir.
Le lendemain, nous partons pour Melilla, notre port d’embarquement pour rentrer en Espagne ; ce port est une enclave espagnole sur le territoire marocain, et nous y passons donc la douane ! Là, un bouchon énorme nous attend, que nous traversons avec la complicité d’employés du port, qui nous guident et nous font gagner du temps et des places dans la queue qui se forme … jusqu’à ce qu’un chef nous interpelle et nous dise : il faut scanner votre camping car dans une annexe du port ; faites demi tour et suivez ma voiture ; en reculant, avec force manœuvres, nous quittons la file ; après l’opération de scan, sous une pluie battante, nous retournons à la douane, nous attendons une heure, puis une autre heure devant des bureaux, toujours sous une pluie battante.
Quand enfin, nos papiers sont en ordre, nous nous apprêtons à quitter les lieux, un autre chef accoure et nous dit : « je dois inspecter en détail votre camping car ; ouvrez moi la soute, les réservoirs d’eau, les armoires et tiroirs … » Malgré nos protestations, il transforme notre modeste demeure en un champ de foire ; enfin, nous quittons le Maroc !